Crimée : histoire , géographie


L’histoire du peuple tatar de Crimée


1. Fondation du Khanat de Crimée (vers 1441)


Au XVe siècle, les Tatars de Crimée, un peuple turcique issu des populations locales et des Mongols de la Horde d’Or, fondent leur propre État : le Khanat de Crimée.

  • 1441 : Hacı Giray, un noble descendant de Gengis Khan, fonde le khanat avec l’aide du Grand-Duché de Lituanie.

  • Le khanat devient une puissance régionale, avec sa capitale à Bakhtchissaraï.

  • Il devient vassal de l’Empire ottoman en 1475, tout en gardant une large autonomie.


2. Période ottomane (1475–1783)


Sous la suzeraineté ottomane, les Tatars de Crimée maintiennent leur culture, leur langue (le tatar de Crimée), et leur religion (l’islam sunnite).

  • Ils mènent des raids réguliers (les « razzias ») contre les États chrétiens voisins (Pologne, Russie, etc.), capturant des esclaves.

  • Cette période est marquée par une certaine prospérité et une organisation politique structurée.


3. Annexion par l’Empire russe (1783)

  • En 1783, la Russie impériale de Catherine II annexe le Khanat de Crimée, en violation d’un traité antérieur.

  • Cette annexion est un tournant dramatique : début d’une politique de russification et de colonisation de la Crimée.


4. Déclin démographique et exils (XIXe siècle)

  • Beaucoup de Tatars fuient la répression et l’oppression tsariste vers l’Empire ottoman (Turquie actuelle).

  • Au fil du siècle, la population tatare de Crimée diminue drastiquement.

  • La culture tatare est marginalisée.


5. Brève renaissance (1917–1920)

  • Après la révolution russe de 1917, les Tatars tentent de restaurer leur autonomie.

  • 1917 : création d’un gouvernement national à Bakhtchissaraï et d’une constitution.

  • Mais cette autonomie est de courte durée, écrasée par les Bolcheviks.


6. Répression soviétique et déportation (1944)

  • Accusés injustement de collaboration avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, les Tatars de Crimée sont déportés en masse par Staline :

    • 18 mai 1944 : environ 200 000 Tatars sont déportés vers l’Asie centrale (Ouzbékistan, etc.)

    • Environ la moitié meurt durant la déportation ou dans les années suivantes.

    • La Crimée est « nettoyée » de leur présence ; leurs noms de lieux sont russifiés.


7. Retour progressif après 1989

  • Sous Gorbatchev, la politique change : les Tatars sont autorisés à revenir.

  • 1989–1991 : des dizaines de milliers reviennent en Crimée.

  • Après l’indépendance de l’Ukraine (1991), les Tatars s’organisent politiquement (Mejlis) et réclament reconnaissance et restitution de terres.


8. Annexion de la Crimée par la Russie (2014)

  • En 2014, la Russie annexe la Crimée, ce que les Tatars de Crimée rejettent massivement.

  • La communauté subit une nouvelle vague de répression :

    • Interdiction du Mejlis (organisme représentatif).

    • Arrestations, disparitions, pressions.

    • Surveillance accrue des militants et leaders religieux.


Aujourd’hui

  • Les Tatars de Crimée restent majoritairement opposés à l’occupation russe.

  • Leur culture est menacée, bien qu’elle survive grâce à des efforts communautaires et au soutien de la diaspora.

  • Leur situation est suivie de près par des ONG et institutions internationales, qui dénoncent les violations des droits humains.